Savoir-être

Changer ce qui peut l’être : les cercles d’influence

N’avez-vous jamais ressenti ces émotions désagréables de colère, de peur ou de tristesse fasse à une situation ou un événement pour lequel vous avez déployé beaucoup d’énergie mais sans résultats ? Bien sûr que si ! Vous n’êtes pas seul. Alors, est-ce vous qui n’y arrivez pas ? La situation est-elle trop difficile ? Et si, simplement, vous ne vous étiez pas focalisé sur les choses que vous pouviez influencer.

Cercles d’influence

Les cercles d’influence sont un concept introduit à la fin des années 1980 par Stephen COVEY. C’est un outil permettant de lâcher prise et gérer son stress en se concentrant sur les facteurs de contrôle d’une situation et répartis en 3 zones distinctes. Ces zones sont liées à notre pouvoir d’influencer sur les événements.

L’objectif de cet outil est de faire le tri dans tous les éléments dans une situation anxiogène pour redéployer notre énergie là où elle est vraiment utile.

Les 3 types de réactions

Face à un événement donné, nous avons tendance à réagir. Or, le devenir de la situation n’est pas exclusivement dépendant de l’énergie que nous déployons pour intervenir, mais de notre capacité à contrôler et à maitriser les différents paramètres situationnels. Les problèmes que nous rencontrons relèvent de l’une des trois catégories suivantes :

● Directement contrôlables (problèmes mettant en jeu notre propre comportement);
●Indirectement contrôlables (problèmes mettant en jeu le comportement d’autrui);
● Incontrôlables (problèmes auxquels nous ne pouvons strictement rien, comme notre passé ou des réalités physiques).
Déjà à ce stade je suis sûr que vous envisagez l’idée que se démener sur une situation sur laquelle nous n’avons aucun contrôle n’a ni sens, ni potentielle issue favorable. Mais continuons.

Les 3 zones

La plupart des gens se laissent guider par leur environnement, ce qui les amène à adopter une attitude réactive… L’erreur la plus répandue est de vouloir à tout prix changer les choses qui les préoccupent, même celles sur lesquelles ils n’ont, en réalité, aucune influence. Ils ont tendance à imputer la responsabilité de leur(s) échec(s) à des facteurs extérieurs : c’est un biais cognitif qui s’appelle le « biais d’auto-complaisance ». Or, ils n’ont pas échoué, ils se sont simplement démenés dans un combat qu’ils ne pouvaient pas gagner.

Organiser ses problématiques par rapport à ces trois zones d’intervention aide à prendre du recul sur une situation et indique sur quoi il est utile de focaliser son attention. Il n’est pas ici question de « laisser tomber » ou « d’accepter la situation », bien au contraire, mais de choisir, comme le disait Sun Tzu dans « l’art de la guerre », il y a 2 500 ans, le lieu et le temps du combat. OUI, dans toute situation, même sans influence, il existe une zone d’action possible.

Zone 1 – Le cercle de contrôle :

Elle est représentée idéalement au centre car elle devrait cristalliser toute nos préoccupations et notre énergie. A l’intérieur de cette zone, proche de nous, nous y mettons les choses sur lesquelles nous avons un contrôle complet et direct. Nous avons le plein pouvoir de les modifier à notre convenance. Évidemment, ces choses peuvent être influencées par des éléments extérieurs, mais dans cette zone, nous sommes maîtres de nos décisions et de nos actes.

Zone 2 – Le cercle d’influence :

Dans cette zone, normalement médiane, nous trouvons les choses sur lesquelles nous n’avons pas de contrôle direct, mais que nous pouvons modifier par l’influence de nos interventions auprès des personnes qui en ont le contrôle.

Zone 3 – Le cercle des préoccupations :

Il devrait être à la périphérie, éloigné de nous le plus possible. Dans cette dernière zone nous y plaçons les choses qui nous préoccupent, mais sur lesquelles nous n’avons ni influence ni contrôle.

Ce découpage théorique permet aisément de comprendre que toute situation pourrait se voir sous le prisme de l’influence que nous pourrions avoir dessus. Nous pourrions également découper une situation pour en extraire les éléments sous notre contrôle. Ainsi déterminées, ces situations n’occuperaient dans notre vie que la place qui leur revient : dépense d’énergie dans les zones 1 et 2, et lâcher prise dans les situations de la zone 3. Mais c’est un peu plus complexe que ça.

Au quotidien

Il est très fréquent de s’embourber dans des situations hors de notre contrôle. Qu’il s’agisse de gérer les urgences ou le stress des autres, de se focaliser sur des éléments inamovibles ou de tenter d’inverser le courant des rivières, il est très difficile, en apparence, de se détacher de ces « prérogatives » qui gâchent notre temps. Or, ne serait-il pas plus opportun de se concentrer exclusivement sur ce qui a de la valeur pour nous et qui est sous notre contrôle ?

Ainsi, en remettant au centre de nos préoccupations les situations, ou éléments de situation, sous notre contrôle, d’une part nous gagnons en efficacité, et d’autre part nous ne vivons pas cet ensemble d’émotions désagréables liées à la frustration, au doute, ou à la remise en question de notre être : vivons nos victoires personnelles et améliorons notre confiance en nous de toutes ces petites réussites.

Les problèmes indirectement contrôlables peuvent se résoudre ensuite si nous travaillons nos méthodes d’influence. Ce sont les victoires publiques. De nombreuses méthodes d’influences différentes ont été répertoriées, aussi diverses que peuvent l’être le soutien et la confrontation, l’exemple et la persuasion.
Nombre de personnes ne disposent dans leur répertoire que de trois ou quatre de ces techniques et font, en général, d’abord appel à la raison pour se réfugier ensuite dans la fuite ou le combat traduisant la victoire de leurs émotions.

Pour les problèmes incontrôlables, nous n’avons pas le choix : il nous faut sourire, accepter véritablement, calmement les difficultés et apprendre à vivre avec elles, tout en apprenant à ne plus les vivre, à ne plus les subir.
Ceci représente, en un sens, un refus d’abdiquer. En effet, accepter une situation ne veut pas dire « perdre » ou « échouer » puisque ce n’est pas sous notre contrôle. Cependant, si une situation semble hors de contrôle ou d’influence, cela ne signifie pas que des éléments, mêmes petits, de cette situation ne le sont pas. En effet, il apparaît souvent que certains aspects de la situation envisagée peuvent être modifiés et ainsi bouleverser l’ordre des cercles.

Selon Stephen COVEY, les personnes qui sont très efficaces pensent et agissent principalement dans leur cercle d’influence et leur zone de concentration (focus). Ils oublient les choses sur lesquelles ils n’ont pas de contrôle, se concentrant sur celles sur lesquelles ils peuvent faire une différence. La nature de leur énergie est alors positive, habile et en croissance

Élargir son cercle d’influence, c’est réduire son cercle des préoccupations.

Tant que nous travaillons à notre cercle de préoccupations, nous acceptons que les éléments qu’il contient nous commandent et nous ne prenons pas l’initiative proactive nécessaire pour amener un changement positif.

Après mon Master recherche en marketing, j’avais très envie de poursuivre en doctorat. C’est donc tout naturellement que j’ai postulé dans mon université. J’ai rédigé un rapport sur mon projet de thèse, en français et en anglais, j’ai pris les lettres de recommandation de mes professeurs, mon mémoire de recherche et j’ai rédigé une lettre de motivation digne des plus grands romans épiques. Fort de ces éléments, je suis allé défendre mon projet de thèse. Pendant ma présentation, la Présidente du comité ne m’écoutait pas. Elle lisait quelque chose et ne semblait pas intéressée par mes propos. Une fois mon exposé terminé, elle se retourna vers moi et d’un ton assuré et sans équivoque me dit : « Ce thème n’est pas très intéressant et les outils de recherche ne me semblent pas très pertinents ! » … c’était fichu ! Je suis sorti de la salle déçu, en colère et sans ressources. Cette dame, chercheuse en comptabilité, jugeait des outils de marketing ? Mon thème n’était pas intéressant alors qu’elle n’avait pas écouté ? C’est sûr, je l’alpaguerai à la sortie et tenterai de la convaincre …

Et puis j’ai croisé mon ami Cédric. Il était très implanté à l’université et connaissait toutes les petites histoires. Il m’a raconté que cette dame détestait mon directeur de recherche et qu’elle ne lui rendrait pas la faveur d’aider un de ses étudiants. De plus, elle voulait favoriser la comptabilité et donc diminuer le nombre de doctorant en marketing. C’est donc sans espoirs que je suis rentré chez moi à me morfondre d’une situation sans issue.
J’ai passé des jours à vivre des émotions désagréables, à ruminer, à chercher des moyens d’inverser les choses, à me focaliser sur ce « cercle des préoccupations ». Je ne ressentais que de la douleur et de l’abattement. Un matin, j’ai pris une feuille pour mettre par écrit ce que je ressentais. J’ai commencé par écrire et décrire la situation. Quand ce fut terminé j’ai utilisé une technique simple « pour quoi faire 5 fois ». Cette technique permet de revenir aux sources des désirs en se détachant de la situation :

– Pour quoi faire 1 : Changer la situation, pour quoi faire ? Pour faire mon doctorat dans cette université ;
– Pour quoi faire 2 : mon doctorat dans cette université, pour quoi faire ? Parce qu’il faut se faire adouber par une école doctorale pour continuer ;
– Pour quoi faire 3 : se faire adouber ? C’est le directeur de recherche qui encadre le doctorant et donc c’est lui qui donne la direction. Il faut entrer dans une école doctorale ;
– Pour quoi faire 4 : un directeur de recherche ? Il faut quelqu’un de bon, d’influent et avec qui l’interaction est plaisante comme le professeur que j’avais choisi ;
– Pour quoi faire 5 : le professeur que j’avais choisi ? Oui car c’est l’étudiant qui choisit son directeur de recherche … C’était ça : je devais choisir un nouveau directeur de recherche, ailleurs …

C’est à ce moment-là que je suis redevenu proactif : j’ai envoyé des mails à différents professeurs de ma discipline et à ma grande surprise de très hauts personnages m’ont répondu favorablement. J’ai donc choisi celui qui semblait être pour moi le meilleur pour m’accompagner (Merci professeur !!!).
J’ai su comprendre que la situation était hors de contrôle et j’ai focalisé mon attention sur des éléments que je pouvais contrôler et influencer. Et de ce fait, cette situation n’existait plus dans mon cercle de préoccupation.

En conclusion

Ces cercles ne sont pas figés dans le temps, ils peuvent s’élargir (ou se rétrécir) au cours d’une vie. A l’instar du cercle des habitudes, les cercles de contrôle et d’influence évolueront avec votre expérience. A ce titre, la clef de l’évolution se situe dans le cercle d’influence. Plus vous travaillerez vos influences, et plus celles-ci se transformeront au fur et à mesure en contrôle pur. Vous élargissez ainsi votre cercle de contrôle. Votre cercle d’influence croîtra également car ayant davantage de contrôle vous gagnerez aussi de l’influence à plus haut niveau.

Que contiennent vos cercles ?
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